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La Comédiathèque - Editions théâtrales

Plus de 100 comédies contemporaines représentées sur les scènes du monde entier

Euro Star

Un célèbre réalisateur et une comédienne ambitieuse se retrouvent "par hasard" assis l'un en face de l'autre dans l'Eurostar qui les conduit à Londres pour un casting. Elle se dit prête à tout pour obtenir le rôle qui fera d'elle une star. Il n'est pas insensible à son charme... C'est alors que le train s'immobilise au milieu du tunnel sous la Manche. Le coup de la panne ?

 

Montages à Paris, Lyon

Ouvrage publié aux Editions La Comédiathèque
ISBN 979-10-90908-79-6
Octobre 2016
50 pages ; 18 x 12 cm ; broché. Prix TTC : 9,90 €

Traduction disponible en espagnol.

Achat du livre

Pour les libraires : voir les conditions de vente (remise 30%)

Pour les particuliers : achat auprès de votre librairie ou en ligne 

Montage

Théâtre des Blancs-Manteaux à Paris, avec Marion Gueffier et Patrick Chanfray

Affiche Blancs Manteaux

Lire le début

Quatre fauteuils d'un Eurostar en vis-à-vis. Sur l'un d'eux est posée une valise. Le "quatrième mur" côté public tiendra lieu de fenêtre, par laquelle les deux personnages regarderont parfois vers l'extérieur du train. Arthur arrive en portant un sac de voyage. Il peut avoir la trentaine ou la quarantaine. Il est plutôt bel homme et est habillé avec une élégance décontractée. En passant devant les sièges, il semble reconnaître la valise et va pour s'installer, quand son portable sonne. Il répond, un peu speed.

Arthur - Ouais, Fred... Non, je suis dans le train là... J'avais promis à ma femme de l'emmener à Londres pour notre anniversaire de mariage... Je ne suis pas très porté sur les commémorations, et je déteste l'Angleterre, mais bon, tu sais ce que c'est... Quand on est marié, il faut savoir faire des compromis ! C'est à Londres qu'on s'est connu, avec Christelle... J'ai réservé une chambre dans le Bed and Breakfast où on avait passé notre première nuit ensemble... Ce n'est pas romantique, ça ? Une veine que je ne l'ai pas rencontrée au Hilton à Bora Bora... Deux billets de train pour Londres, même en première, c'est quand même moins cher que la Polynésie... En tout cas, heureusement qu'on avait pris de la marge, dis donc... Tu sais que je suis claustrophobe, alors ça m'angoisse un peu de prendre le tunnel sous la Manche... Mais comme je flippe encore plus en avion... Et puis je me disais que ça irait plus vite que le ferry... Mais tu n'imagines pas les procédures d'embarquement, c'est hallucinant ! On a mis trois-quarts d'heure pour passer la sécurité ! J'aurais mieux fait d'y aller à la nage. Moi qui pensais que Londres, c'était encore en Europe. J'ai l'impression de partir pour Bagdad ! Je suis tombé sur un petit teigneux qui ressemblait vaguement à Georges Bush. J'ai cru qu'il allait me mettre un doigt dans le cul pour voir si je n'y planquais pas des armes de destruction massive, avant de m'envoyer direct à Guantanamo... Ils m'ont tellement stressé, pour un peu, j'oubliais de remettre mon pantalon et mes chaussures avant de monter dans le train... Tu me vois arriver à Waterloo pieds nus et en calbute...? À Londres, oui ! Waterloo Station, c'est là où on arrive... Heureusement qu'on ne part pas d'Austerlitz, sinon tu vois le symbole... Pour un anniversaire de mariage, partir tout habillé d'Austerlitz et arriver à poil à Waterloo... Enfin, ça y est, je suis dans l'Eurostar. Je vais pouvoir décompresser un peu... Non, non, je ne sais pas ce qu'elle fout... Je suis passé au bureau de change pour acheter des livres sterling. Je devais la rejoindre dans le train, mais là je ne la vois pas... Pourtant, sa valise est là, je ne comprends pas... Ah excuse-moi, c'est elle justement... Ok, je te rappelle... Salut Fred...

Il appuie sur une touche de son portable.

 

Arthur - Christelle ? Mais qu'est-ce que tu fais ? Au kiosque ? Mais le train va partir là ! Ouais, ben écoute, si ils n'ont pas Marie Claire, tu prends Marie France ou Madame Figaro. C'est pareil, non... (Plus bas) Oui, oui, j'ai les livres sterling. Mille, ça devrait suffire pour passer quelques jours à Londres. Ça m'angoisse un peu de me trimballer avec une somme pareille en liquide, mais bon... Il paraît que c'est plus cher de changer sur place... Euh, tu pourrais me prendre L'Équipe, tant que tu y es ? Non, pas France Football, L'Équipe ! Non, ce n'est pas pareil, figure-toi... Bon, ben tu vas bien finir par trouver... Sinon, tu vas voir au kiosque à côté... Mais dépêche-toi, bon sang ! Ok, à tout de suite. (Plus tendrement) Moi aussi, je t'embrasse...

Il range son portable et conclut.

Arthur - Oh, putain, ça commence bien ce voyage... (Il pose son sac sur le siège à côté, s'installe, et regarde un instant fixement devant lui) Quarante bornes sous la mer. Moi qui flippe déjà en prenant le tunnel sous Fourvière... Quelle angoisse ! (Il sort un flacon d'alcool de sa poche et en prend une rasade). J'ai bien fait d'emmener un petit remontant, ça va me détendre...

Marilyn arrive en tirant une petite valise à roulettes comme celle qui, dans les avions, permettent de prendre son bagage en cabine sans avoir à enregistrer. Elle peut avoir vingt ou trente ans. Elle n'est pas forcément canon, mais est habillée de façon plutôt provocante. Elle passe devant lui, le remarque, et semble le reconnaître. Arthur ne prête pas attention à elle, et reprend une rasade de son flacon d'alcool... au moment où Marilyn revient sur ses pas.

Marilyn - Pardon, mais je crois que votre valise est assise à ma place...

Arthur, surpris, range précipitamment son flacon d'alcool dans sa poche, sans le reboucher.

Arthur - Ah... Excusez-moi... Je pensais que... Il n'y a pas de problème...

Il se lève et déplace la valise pour libérer le siège. Lui tournant un instant le dos pour poser sa valise, elle lui offre une vue avantageuse sur son anatomie. Il fait mine de regarder par la fenêtre pour chasser les mauvaises pensées. Elle s'assied en face de lui et se met à le dévisager avec un sourire idiot. Embarrassé, il tente de faire bonne figure. Silence, rompu par une annonce de service.

Voix off - L'Eurostar numéro 3212 à destination de Londres Waterloo va partir. Attention à la fermeture automatique des portes...

Arthur (pour lui-même) - Oh, non... Ce n'est pas vrai...

Il jette un regard inquiet par la fenêtre côté public.

Marilyn jette également un coup d'œil par la fenêtre pour voir le quai commencer à défiler.

Marilyn (souriante) - Il était temps que j'arrive...

Il lui sourit poliment, avant de composer nerveusement un numéro sur son portable. Mais visiblement, ça ne répond pas.

Arthur - C'est un cauchemar...

Marilyn, pour sa part, continue à le dévisager, et il semble le sentir, tout en feignant de ne pas le remarquer. Embarrassé, et vaguement émoustillé, il finit cependant par lever les yeux vers elle, intrigué.

Marilyn - Excusez-moi de vous dévisager comme ça, mais... Je vous ai tout de suite reconnu...

Totalement pris au dépourvu, il reste sans voix, les yeux ronds.

Marilyn - Je suis vraiment désolée... Je vous jure que je n'ai rien fait pour euh... C'est complètement par hasard... (Plaisantant) Ou alors c'est le destin...

Arthur - Le destin...?

Elle lui tend la main et se présente.

Marilyn - Marilyn Mileur... Je suis comédienne...

Pris au dépourvu, il lui sert la main.

Marilyn - Je vais à Londres pour le casting de votre nouveau film. Mais je ne pensais pas être assise en face de vous dans le train...

Arthur - Moi non plus...

Marilyn - En tout cas, j'adore le scénario... Je ne dis pas ça pour vous flatter, hein ? Même si je serais prête à tuer toutes mes concurrentes pour avoir ce rôle...

Arthur - Vraiment...?

Le portable d'Arthur se met à sonner mais, largué, il tarde à répondre.

Marilyn - Je ne voudrais surtout pas vous importuner... Je crois que je ferais mieux d'aller faire un tour au bar pour me calmer un peu. De toute façon, on fait le voyage ensemble... Je vous ramène un café...?

Arthur - Pourquoi pas...

Marilyn - Je suis tellement émue... Je ne suis pas sûre qu'un café, ce soit vraiment ce qu'il me faut pour me calmer, mais bon... Sans sucre ?

Arthur - Pardon...?

Marilyn - Votre café... Avec ou sans sucre...

Arthur - Euh... Sans, merci...

Marilyn - Je l'aurais juré... Sans sucre ajouté... Cash ! Comme vos films...

Il sourit sans répondre. Elle commence à s'éloigne. Il la hèle une dernière fois.

Arthur (s'enhardissant) - Euh... Je peux avoir un verre d'eau avec mon café...?

Elle lui répond par un sourire avant de poursuivre son chemin. Il la regarde partir, encore sous le choc. Son portable sonne toujours. Revenant à la réalité, il finit par répondre.

Arthur - Christelle ? Mais tu es où, bordel ? Oh, non, ce n'est pas vrai...! Mais je t'avais dit de te magner, bon sang ! C'est toujours la même chose... Mais je m'en foutais, moi, L'Équipe ou France Football ! C'était juste pour avoir quelque chose à lire dans le train... Et comment on fait, maintenant...? Tu prends le suivant, et je t'attends à Waterloo...? Bon... Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Est-ce qu'on a vraiment le choix...? Ouais... Ok, rappelle-moi...

Il range son portable.

Arthur - Je ne le sentais pas, ce pèlerinage à Londres...

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